Révélations du Papa de Micro Kid’s!

Tout les quarantenaires connaisse surement très bien le présentateur de Micro Kid’s? la 1 er émissions de jeux vidéo à la télé.
Jean-Michel Bottière, était aussi rédacteur en chef du célèbre magazine TILT.

Bonjour Mr Jean Michel Blottière, et je vous remercie encore de pouvoir nous accorder cette petite interview pour la Past Game’s Rebirth

PGR -Comment avez-vous commencé votre activité dans les jeux-vidéo.

JMB -En lançant le premier journal en France dédié aux jeux vidéo, en septembre 1982.

PGR- Quel a été votre parcours avant d’arriver chez Tilt ? Quand et comment étés vous arrivé chez Tilt ?

JMB- J’ai fait des études de lettres classiques. J’ai en particulier suivi une année d’Hypokhagne et deux années de Khagne qui sont les classes préparatoires au concours d’entrée de l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm. Je voulais devenir prof ou journaliste. Je suis devenu journaliste ! J’ai commencé à être impliqué dans Tilt quelques mois avant son lancement par le groupe de presse Editions Mondiales.

PGR- Était vous passionné par les jeux vidéo avant d’entrer chez Tilt ? Et comment se sont déroulés vos débuts ? Jouiez vous beaucoup aux jeux vidéo ?

JMB- Oui, je jouais beaucoup sur les grands classiques de l’époque : Pac Man, Centipède, etc. Au début de Tilt, nous étions peu nombreux et j’écrivais énormément d’articles, seul ou avec ma copine de l’époque qui jouait également. Nous avons passé des nuits à reconstituer les plans de Pitfall, des Aventuriers de l’Arche Perdue sur VCS Atari ou de Dungeons & Dragons sur Mattel Intellivision. Ensuite, l’équipe s’est progressivement renforcée et mon rôle est davantage devenu celui d’un meneur d’équipe que d’un testeur de jeux proprement dit. D’autant plus que quelques mois après le lancement de Tilt, j’avais participé au lancement de Pixifoly, une émission sur TF1 qui prenait également pas mal de temps et pour laquelle j’enregistrai toutes les séquences de jeux qui était diffusées.

PGR- Que s’est-il bien passé à la fin de Tilt, et qu’est-ce qui a pu provoquer sa chute (mon livre de chevet pendant longtemps, sa disparition m’a bien attristé !).

JMB- La principale raison, je crois, c’est qu’un journal est comme un individu ou une plante. Il a un cycle de naissance, de vie et de mort. Tilt a duré 13 ans ce qui est bien pour un journal. Il avait une place bien spécifique dans le PMIFL – Paysage de la Micro-Informatique Française de Loisir – et il ne répondait plus aux critères attendus par un certain public qui voulait des titres plus dans l’esprit de Consoles +, Joystick ou Player One. Le ton de Tilt était jugé trop « classique », pas assez branché. Et puis je faisais Microkids sur France 3 qui me prenait beaucoup de temps et d’énergie. J’étais aussi de plus en plus intéressé par l’animation, les effets spéciaux, le cinéma et, il faut bien l’avouer, fatigué après 13 ans de bons et loyaux services de refaire, année après année, les mêmes dossiers, les mêmes tests. De plus, les nouveaux « patrons » anglais de Tilt m’avaient aussi demandé de supprimer toutes les rubriques du journal qu’ils considéraient comme « mineures » et de ne plus faire que des avant-premières, des tests et des « soluces ». Cela n’avait plus d’intérêt pour moi, je l’avais tellement fait, pendant tellement longtemps. J’avais besoin d’évoluer, de changer d’univers. Et puis, un certain nombre de personnes m’ont bien « savonné » la planche, en oubliant que je leur avais mis le pied à l’étrier et que j’avais largement contribué à leur assurer des revenus plus que confortables et une vie souvent plus intéressante que celle qu’ils avaient avant de travailler pour Tilt, Consoles + ou MicroKids. Je ne leur en veux pas : D’une part, il faut « tuer le père » à un moment où à un autre pour grandir, et puis, le moment était venu pour moi de passer à autre chose. D’une certaine manière, ils m’y ont aidé et je les en remercie !

PGR- Comment a commencé l’émission Micro Kid’s, quelle a été sa genèse ? Convaincre les chaînes de télé d’ajouter une émission sur les jeux vidéo dans leurs grilles a-t-il été difficile (car je suppose que des demandes ont été placées un peu partout) ?

JMB- J’avais le projet d’une émission depuis longtemps dans mes cartons mais je n’avais pas de contact avec le monde de l’audiovisuel car je venais d’une culture “presse écrite”. Deux rencontres ont abouti à la création de l’émission : celle avec Richard Joffo, qui lançait sa petite structure de production audiovisuelle et, surtout, celle avec Alain Le Diberder, qui était conseiller de Jack Lang, alors ministre de la culture. Alain était passionné de jeu vidéo et c’est grâce à lui si MicroKids a vu le jour sur France 3. Pour en savoir plus sur la genèse de MicroKids, vous pouvez vous référer au livre « Les Chroniques de Player One » dans lequel je m’explique plus longuement sur la création de MicroKids.

PGR- Avez vous participé à la réalisation des émissions jusqu’à la fin de son existence ou est que vous avez quitté le navire avant (car je me souviens du changement de présentation vers 1995 avec Dr Clic lorsque les 32 bits montraient le bout de leur nez). Et s’il a du quitté le navire avant, pour quelles raisons ?

JMB- J’ai quitté MicroKids avant la fin. C’est pour cela que Richard Joffo a décidé de faire appel à un animateur en images de synthèse. J’ai quitté l’émission pour les mêmes raisons qu’évoquées plus haut. Il était temps pour moi de passer à autre chose. J’avais des propositions de France 2 et de Canal + et j’ai décidé de rejoindre Canal +.

PGR- Gardez vous des liens avec votre ancien secteur d’activité ?

JMB- Oui, bien sûr mais d’une autre manière. J’organise de nombreuses conférences sur le sujet, comme FMX www.fmx.de où j’ai fait venir un certain nombre de grands créateurs de jeux vidéo http://www.fmx.de/games.E.2251.html Je viens de faire une interview de Peter Molyneux à Guilford, à côté de Londres, pour une exposition sur l’histoire du jeu vidéo qui sera inaugurée en juin au musée du CNAM. Je suis très proche de l’ENJMIN, l’Ecole Nationale du Jeu et des Média Interactifs Numériques, etc. En fait, ce que je fais aujourd’hui est beaucoup moins « visible » ou moins « prestigieux » mais infiniment plus passionnant. Je suis en contact permanent avec les plus grands créateurs de jeux mondiaux, participe à toutes sortes de conférences, masterclasses, workshops passionnants, dont les différentes GDC bien sûr. Je suis également très actif dans les communautés de l’animation et des effets spéciaux. Je partage ma vie entre Stuttgart, New-York, Los Angeles, Paris et Marseille, et c’est passionnant…

PGR- Quel regarde porter vous sur le jeu vidéo aujourd’hui ? Est que vous étés nostalgique ?

JMB- Je ne suis pas du tout nostalgique. Je trouve que les jeux actuels sont de plus en plus beaux, de plus en plus passionnants. Les jeux actuels sont formidables.

PGR- Quel regard porter vous sur le retro-gaming ? Sur la scène amateur qui créer encore du jeu vidéo sur les anciennes plate-formes ?


JMB- Je trouve le phénomène du retro-gaming infiniment sympathique. J’ai beaucoup de respect pour le magazine Pix’n Love qui fait un travail de très grande qualité.

PGR- Jouez vous encore aujourd’hui au jeu vidéo ?

JMB-  Oui Je joue avec mes enfants à des jeux « familiaux »

PGR- Quel est votre Console ou Micro préférée, avez-vous garder des machines ?

JMB- Ma console actuelle préférée est la PS3. J’ai bien sûr une tendresse particulière pour ma toute première console, la VCS Atari 2600. J’ai gardé longtemps diverses machines et les ai donnés à des associations ou des musées. J’aimais beaucoup le Vectrex.

PGR- Après Micro Kid’s, vous a-t-on solliciter pour refaire une émission de jeux vidéo ?

JMB- Après MicroKids, je suis passé de l’autre coté de la camera. J’ai conçu un certain nombre d’émissions animées par d’autres. Ensuite, je me suis orienté vers d’autres activités.

PGR- Parmi toute les personnes (professionnelle du jeu vidéo) que vous avez interviewé, qui vous à le plus marquer ?

JMB- Difficile de répondre. J’ai beaucoup d’affection et de respect pour beaucoup d’entre eux. S’il fallait citer une seule personne, je répondrais Will Wright.

PGR- Bon je vous remercie encore d’avoir pris le temps pour répondre à nos question, et pour moi, c’est vraiment privilège de pouvoir communiquer avec vous.

JMB- très amicalement Jean-Michel

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